Quelques beaux textes de souvenirs de rentrée scolaire.
Hier, je vous ai rapporté de vieux souvenirs de rentrée scolaire avec, pour décor, le vénérable collège des Remparts. Aujourd'hui, atteignons un niveau autrement qualitatif. Je vous propose la lecture d'autres souvenirs de rentrée dont j'ignore tout des rédacteurs et rédactrices. Ils ont mémorisé, dans leurs souvenirs, des moments où ils ouvraient le brillant cursus de leur parcours scolaire et universitaire.
Mon meilleur souvenir de rentrée scolaire ...
Natacha, la figure de proue de Blog4ever, a cherché à promouvoir, par un concours, de bons vieux souvenirs de rentrée scolaire.
Merci à Natacha et au jury, hélas endeuillé par le décès de son président, qui, après avoir retenu les meilleurs textes, les ont soumis au vote du lectorat.
Les meilleurs blogs sélectionnés.
Les voici dans l'ordre alphabétique :
boites-a-malice.blog4ever.com
jabaettig.blog4ever.com
kamertic.blog4ever.com
Lanuditedelesprit.blog4ever.com
magmonde.blog4ever.com
Maridan-GYRES.blog4ever.com
sortilege.blog4ever.com
Theatre-de-la-Veillee.blog4ever.com
http://maridan-gyres.blog4ever.com/
Maridan est la rédactrice du texte qui a obtenu le plus de suffrages. Maridan, dans ses terres montpelliéraines, certes, écrit merveilleusement mais ses compétiteurs, eux-aussi, ont apporté de fort belles contributions. En parcourant leurs textes, vous retrouverez, peut-être, des émotions, des appréhensions qui sont inoubliables.
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J 'ai six ans et demi en cette rentrée scolaire 1974 .
Le CP ... Je ne suis pas peu fière , dans mon tablier bleu tout neuf , avec mon prénom brodé par ma grand-mère, dessus !
Dans la cour , nous nous regardons , nous les " petits " de cette " Grande Ecole " ...
La maîtresse nous met en rang, deux par deux , puis nous entrons dans la classe .
Trois rangées de pupitres en bois , à l ' ancienne , avec encrier , une table pleine de livres , un tableau noir , et surtout , le bureau de la maîtresse ...
Nous nous installons , les petits devant , les plus grands derrière , puis sortons cahier et trousse , la boule au ventre face à cette inconnue qu ' est la " Grande Ecole " ...
La maîtresse nous demande ensuite de venir un par un, au tableau noir, pour y écrire notre prénom et notre nom à la craie blanche .
Quand arrive mon tour , se fait un silence , puis des murmures ...
Une petite voix : " Maîtresse , elle sait pas écrire , c 'est pas la bonne main ! "
Comment , ce n ' est pas la bonne main pour écrire ?
Moi qui suis toute fière de savoir écrire mon nom en entier , voici donc que je n ' utilise pas la bonne main ?
Pourquoi , puisque chez moi , on écrit aussi bien d ' une main que de l ' autre ...
Pourquoi ne faudrait-il pas écrire de cette main ?
Les larmes aux yeux devant mes camarades , honteuse , je ne dis rien ...
La maîtresse demande le silence , puis explique de sa jolie voix calme , que l ' on peut écrire de la main droite ou de la gauche , pourvu que l ' on se sente à l ' aise avec cette main .
Je retourne m ' asseoir .
La maîtresse se rend au tableau , y écrit son nom ...
Je n ' ai plus honte ...
Me voilà rassurée ...
Ma maîtresse est gauchère ...
Laurence .
http://boites-a-malice.blog4ever.net/
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Dans ma vie, j’ai fait 19 rentrées scolaires, et ceci sans jamais redoubler. Celle où j’ai le plus transpiré a certainement été celle à l’Université, au Canada. Après avoir fait toute ma scolarité et mon premier diplôme universitaire en Europe, c’était tout un processus d’adaptation. Et le diable se cache dans les détails. Bien que ça me choque toujours autant que les étudiants tutoient leur professeur ou que les salles de classe n’aient pas systématiquement des fenêtres – moi qui ai toujours choisi la place, au fond de la classe, à côté du radiateur et de la fenêtre, ça a été un peu galère pour me décider le premier jour – le plus compliqué, ça a été de braquer mon propre casier. Et le mot n’est pas faible.
Au comptoir des étudiants, le premier jour, on m’a remis le numéro de mon casier et un cadenas avec une petite étiquette sur laquelle étaient inscrits 3 chiffres. C’est là que les ennuis ont commencé. Car le cadenas en question est une sorte de roulette de coffre-fort de banque, comme on en voit dans tous les films américains. Sauf que là c’est pour de vrai et qu’avec une seule roulette, je suis supposé composer un code à 3 chiffres. Cherchez l’erreur !
Mettant ma fierté dans ma poche, parce que je sais déjà que la question va lui paraître stupide, je prends mon courage à deux mains et demande à la personne au comptoir, comment ça marche.
— Ah, c’est très simple.
Oui, c’est bien ce qui m’inquiète.
Explication : Tournez plusieurs fois la roulette pour mélanger le cadenas ???
Arrêtez sur le premier chiffre de votre code et alignez-le sur la petite flèche rouge en haut du cadenas. Tournez le cadran dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Vous faites un tour complet. Il faut dépasser le premier et le deuxième chiffre du code.
Hein ??????
Puis, vous positionnez le deuxième chiffre sous la flèche.
Je croyais qu’on devait le dépasser…
Puis, vous tournez la molette dans le sens des aiguilles d’une montre jusqu’à aligner le troisième chiffre. Et voilà c’est tout simple !
Sur le coup, je me suis sentie plutôt confiante. J’avais pas tout compris mais ça me semblait jouable. J’ai mis mes affaires dans le casier et je suis allée en cours. A la fin de la journée, naïve et pleine d’espoir, je suis retournée à mon casier. Je vous jure, j’ai tout fait comme ils m’ont dit à l’accueil. J’ai commencé par embrouiller le cadenas, puis j’ai tourné à gauche, puis à droite, etc… etc… Au bout d’une demi-heure, j’étais pendue de tout mon poids après mon cadenas, pour le faire céder par la force, des larmes de rage plein les yeux. Pour finir, un sympathique étudiant canadien est venu à ma rescousse en me disant que son pote français (qui était là depuis 3 ans) n’était toujours pas capable, lui non plus, d’ouvrir son cadenas. Je dois avouer que ça a consolé mon ego. Depuis ce jour, mon casier est équipé d’un cadenas NORMAL, doré et carré, muni d’une VRAIE clef pour l’ouvrir… comme tous les autres casiers des étudiants européens sur le campus !
http://jabaettig.blog4ever.com/
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C’était le lundi 03 septembre 2007, jour de rentrée scolaire au lycée bilingue de Bafoussam. Cette année-là, je devais faire la classe de terminale C (sciences mathématiques). Ce premier jour de classe fut pour moi très spécial comparé à tous les autres. Dès mon arrivée, mon attention a tout d’abord été attirée par la propreté qui régnait dans l’enceinte de l’établissement (herbes taillées, cours et salles de classe nettoyées, les bancs cassés avaient été remplacés…). En fait, depuis ma première année au lycée, c’était toujours les élèves qui mettaient à jour le lycée à la rentrée, mais cette fois les choses avaient changé.
En effet, pendant les vacances, le ministre de l’éducation avait changé le proviseur en nous envoyant une dame ; après le traditionnel discours "bonne rentrée scolaire" du nouveau proviseur(discours au cours duquel elle nous a exhorté à garder en bon état l’établissement ) nous sommes allés vers nos différentes classes ; c’était le temps de retrouvailles après plus de deux mois de vacances ; vous imaginez bien qu’il y a beaucoup de choses à se dire, ce jour-là ; on le faisait tout en choisissant nos différents bancs. C’était aussi le moment de se familiariser avec les redoublants et les nouveaux, à l’établissement. On le faisait en attendant l’arrivée du premier enseignant. Vers 07h50, alors que les commentaires allaient bon train, nous voyons arriver qui? Vous devez penser à l’enseignant ; oui c’est vrai, mais je vous assure que ce qui nous intéressait plus, sur le moment, ce n’était pas sa présence mais celle de la personne qui l’accompagnait ! De qui s’agissait-il ? Aucune idée, mais pas vraiment aucune idée, car elle était en tenue, donc elle devait être une nouvelle élève ; mais, qu’est-ce qui faisait la différence entre elle et les autres nouveaux ? Rassurez-vous, ce n’était pas le fait qu’elle soit avec l’enseignant ; mais quoi alors ? En fait, c’était simplement la plus belle, jolie fille que j’avais jamais vue depuis mes 6 années passées au lycée ; elle était vraiment belle. Je sais que je ne suis pas venu au lycée pour cela, mais je vous assure, elle m’a vraiment marqué, je dirai qu’elle m’a même bouleversé, à l’instant T. Et comme si ça ne suffisait pas ? elle m’a fait atteindre le paroxysme de mon émotion lorsqu’elle est entrée et s’est assise. Si vous vous demandez, encore, pourquoi cela a pu m’émouvoir autant, alors je dirais que vous n’avez pas vite deviné, car elle est venue s’asseoir sur mon banc (les bancs étaient prévus pour 2 personnes). Je n’ai pas assez de mots pour décrire tout ce que j’ai ressenti ce jour-là, mais de tout mon parcours au lycée, ce premier jour de rentrée scolaire 2007-2008 fut pour moi le meilleur et l’inoubliable de tous.
Pour la petite histoire, cette nouvelle était la fille de la nouvelle proviseure. J’ai eu une année particulière avec elle, au bout de laquelle nous avons tous les deux réussi au BAC C.
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Vive la rentrée !
Ce matin-là, j’étais tout excité ; ma mère s’accroupit devant moi et remonta mes petites chaussettes blanches, ajusta mon short et tira sur le bas de ma chemise comme pour la défroisser. Mais, l’enfant que j’étais, n’avait qu’une hâte, c’était d’utiliser sa nouvelle ardoise, son nouveau plumier ou son stylo à quatre couleurs. Vous savez, ces stylos que l’on s’efforce d’essayer d’enfoncer les quatre couleurs, en même temps, sans même savoir pourquoi.
Dans la cour, je restais un peu à l’écart, comme la plupart de mes petits camarades. Personne ne connaissait vraiment personne ; tous, nous venions de maternelles différentes ; et, là, tout d’un coup, on se retrouvait chez les « grands », c’était à la fois excitant et apeurant ; car, nous étions alors les tout petits chez les grands. Tout à coup, la cloche sonna, nous nous approchâmes de la directrice et des instits. A chaque nom, le gamin concerné levait le doigt et un(e) instituteur (trice), lui indiquait la file dans laquelle il devait se mettre en rang. A l’appel de mon nom, je levais mon doigt et on m’indiqua alors la file du milieu : il y en avait trois. Je me retrouvais derrière une petite blonde aux cheveux en rayons de soleil. A cette époque, nos blondinettes n’avaient pas encore cette sulfureuse réputation de « truffe nabilesque » qui leur colle encore à la peau de nos jours. Non, je dirais même qu’elles étaient plutôt jalousées par les brunes – qu’elles comptent pour des prunes ou pas, d’ailleurs. L’ordre nous fut donné de rentrer en classe ; et, tout naturellement, je me retrouvais assis à côté de la Marilyn Monroe en couettes et socquettes.
« Comment tu t’appelles, me demanda-t-elle.
- Jean-Pierre, et toi ?
- Moi, je m’appelle Francine.
- Ah ! c’est joli, lui répondis-je. »
« Sortez vos affaires ! » cria la maîtresse. Injonction que ma voisine et moi, n’entendîmes point, occupés que nous étions à faire connaissance.
« Cela s’adresse aussi à vous deux, là, les deux bavards ! » hurla-t-elle en nous désignant du doigt.
Nous nous exécutâmes et sortîmes nos affaires flambant neuves. »
Profitant de l’attention de la maîtresse, détournée par d’autres élèves, Francine me glissa à l’oreille :
« Tu voudras bien qu’on soit toujours ensemble, même dans les autres classes ?
- Oui, lui répondis-je, sans hésitation, on sera toujours ensemble, quoi qu’il arrive. »
Elle m’adressa un beau sourire qui scella notre promesse pour longtemps.
http://www.le-blog-de-jep.com/
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Je détestais l'école.
Tous ces mômes hurlants, chahutant autour de moi, contre moi, qui me bousculaient, me menaçaient, voire me frappaient, déclenchaient en moi un profond sentiment d'insécurité.…
Il y avait peut-être des raisons à cela : ma tenue, à la dernière mode d'un siècle oublié, mon étourderie qui m'amenait parfois à bousculer quelqu'un mais, surtout, bien souvent, j'étais La Nouvelle….
En récré, je me calais contre les murs, attendant désespérément le moment de regagner la classe. Je pouvais alors profiter de l'abri, tout relatif, suscité par l'autorité d'un maître ou d'une maîtresse, qui, pourtant, n'aurait qu'un froncement de sourcils à m'adresser, pour que je me liquéfie sur mon banc.
Chaque jour, la peur m'agrippait avec une intensité variable , mais, tous les jours, mon ventre était noué.
Nous venions de déménager, j'avais dix ans.
La rentrée serait là dans deux semaines. J'essayais de ne pas trop y penser.
Je jouais seule dans les cages d'escalier d'un bloc bruyant, pas trop loin de la porte de mon appartement, au cas où il aurait fallu rentrer rapidement.
Il y a toutes sortes de créatures dans les H.L.M. et certaines sont parfaitement antipathiques.
Dans le logement où je vivais désormais, je cohabitais avec l'une d'entre-elles : violente, irascible, imprévisible.
Lors, si son pas résonnait dans l'escalier, je me précipitais dans ma chambre pour m'enfermer dans un monde où je ne me sentais pas menacée.
On s'habitue à tout, n'est-ce pas ? La solitude peut accompagner n'importe quel âge…
Un jour, une fillette s'est approchée de ma cage. Elle avait écouté les histoires que je racontais aux petites fées, aux amies délicates…
Elle vivait dans ce quartier depuis longtemps, mais n'avait pas d'amis. Que sa maman.
Or, elle était morte depuis peu, quelques jours, il me semble, quelques semaines, peut-être ?
Sa peine, ma peine, son chagrin et mes peurs, nos solitudes se sont côtoyés pendant les quinze jours qui précédèrent la rentrée.
Je n'ai pas parlé à Zora de ma hantise. Nous n'avions pas parlé d'école.
Le jour de la rentrée, j'ai traîné ma misère, résignée, sous un préau infesté d'enfants. Je regardais le bout de mes chaussures. Les maîtres engageaient l'appel : j'attendais que l'on cite mon nom.
Un souffle dans mon cou attira mon attention. Zora me souriait :
« Moi aussi, je suis en CM2, cette année... »
Le soulagement et la joie ont explosé dans ma poitrine.
La rentrée, cette année là, avait un visage doré et des boucles vives.
J'ai adoré mon CM2.
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Je vous propose, pour finir, le texte qui m'a le plus ramené à l'automne 1949. Il me rappelle mes angoisses, lors de mes tentatives d'initiation à l'art de l'écriture, avec pour outil, la plume Sergent-Major, pour support, le pupitre incliné et pour ingrédient, la bonne encre violette.
Que c'est loin, tout cela! |
Retrouver le fil. La ligne. Les Lignes du cahier d’écriture. Lignes de conduite. Trop de règles. Le t qui ne doit pas dépasser le dernier interligne, la petite canne du a… Je regardais ces lignes qui attendaient mes souvenirs de vacances. Ces lignes qui m’en avaient fait baver toute mon année de CP où je m’évertuais à devenir grande, mais où mes pattes de mouches noircissaient les pages des cahiers, moches, tremblantes, illisibles, souvent. Me fallait-il vraiment rentrer dans ce secret d’adulte : l’écriture ? J’avais, plein la tête, des images de montagnes, de lacs scintillants, de champs fleuris. Comment rentrer ces paysages magiques de mes chères vacances à l’intérieur d’interlignes étroits ? En avais-je seulement envie ? La cage du cahier me défiait, vide, froide, inquiétante sans doute. J’ai posé la mine de mon stylo sur la page du cahier. Et ma vie entière a tremblé. Un frisson. Quelque chose venait de se passer : j’ouvrais la cage. Les mots ont commencé à s’aligner, timides. Mais, je ne voyais plus la forme des lettres tremblantes et mal écrites. Je voyais au-delà des lignes, au-delà des t et des à trop grands ou sans leur canne. Pour la première fois, les lettres n’étaient pas des signes noirs, ratatinés, mais la clé ouvrant sur ce que je voulais. Je voyais au-delà des formes, je voyais le fond. Le sens. L’écriture prenait sens. J’écrivais une montagne. Je lui mettais de la neige éternelle. Mais d’une rature grossière, j’en faisais une montagne aride sous le soleil de juillet. Et, hop ! Quelques lettres plus loin, je lui rajoutais un cours d’eau rafraîchissant, au son clair de l’eau clapotant. Et, c’est curieux comme quelques mots peuvent tout changer! J’avais trouvé la clé. Je me libérais de la cage. Je faisais de ces lignes, la porte de mes voyages. C’est ainsi que j’entrai dans l’univers des mots malgré le carcan des règles d’écriture. J’ai continué à rêver, baissant la tête face aux éternelles remarques sur la propreté de mes cahiers. Et, j’ai finalement aimé écrire car l’essentiel, ce n’est pas ce qui est visible, comme le dit si bien l’auteur d’un certain Petit Prince… C’est ce qu’on ne voit pas. L’écriture, c’est un moyen d’exprimer tant de choses, de sentiments invisibles pour les yeux. Qu’on ne voit bien qu’avec le cœur. Ce jour-là, la maîtresse a peut-être eu un peu de mal à déchiffrer mes lettres d’enfant mal tracées, mais je me souviens combien j’ai été fière lorsqu’elle a lu à toute la classe, mon souvenir de vacances. Je me rappelle le plaisir de voir renaître, là, au milieu de l’école, entre les tables en bois et le tableau noir, le parfum des pins dans la forêt qui couvre la chaîne des montagnes aux neiges éternelles….
http://theatre-de-la-veillee.blog4ever.com/
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